Je vois énormément de confusion autour des limites. De ceux qui érigent des barrières à ceux qui se conforment aux autres, pas facile d’arriver à poser des limites saines. Pourtant, c’est la base de la liberté, et un signe d’amour propre.

Qu’est-ce qu’une limite saine ?

Une limite saine est un repère que tu définis suivant tes besoins. Pas pour dire non à l’autre, mais pour te dire oui à toi. Dans des relations saines, on ne cherche pas à influencer, manipuler, faire faire des choses aux autres. Donc une limite saine respecte cela aussi. La limite vient d’une connaissance fine de toi, de tes besoins, de ton fonctionnement. Une limite saine n’est pas non plus basée sur la peur. Car on arrive alors plutôt à des barrières, qui t’empêchent d’être pleinement toi (l’inverse de ce qu’on cherche avec une limite saine).

Prenons un exemple. Marta prend soin de sa santé, et pour elle c’est un de ses non-négociables. Elle rencontre alors Alex, qui fume. Elle pose d’entrée sa limite saine : je ne veux pas m’intoxiquer avec sa fumée, je ne laisserais donc pas Alex fumer chez moi. C’est différent de Manon, qui veut que son mari arrête de fumer parce que c’est mauvais (pour lui). Du coup elle lui interdit de fumer à la maison ; pas pour sa santé à elle, mais en essayant de le forcer à arrêter. Là il ne s’agit pas d’une limite saine mais de manipulation.

Poser tes limites c’est prendre soin de toi, c’est faire de toi ta priorité, et t’assurer que tes besoins soient respectés et couverts. Car le mythe du prince charmant qui, “s’il m’aime vraiment” doit savoir ce dont j’ai besoin sans que je n’ai rien à dire et me l’apporter…. c’est juste ça : un mythe !! Tu es la seule responsable de tes besoins, tu es une adulte ! Donc, tu dois te connaître, apprendre à dire oui ou non selon ce qui te convient, et pas selon l’extérieur.

Pourquoi c’est difficile de poser ses limites ?

Souvent, on a l’impression que si on dit non aux autres, on va les perdre. On dit oui pour être “la gentille” et rendre service. On dit oui pour se sentir utile, pour appartenir à un groupe, pour être appréciée, pour ne pas mettre en colère l’autre ou risquer un conflit, pour pas qu’on pense négativement à notre sujet,…

Et pour beaucoup, ça a aussi fait partie de l’éducation. On nous a appris à faire ce que les adultes disent, sans broncher. On nous a donné l’exemple. L’amour reçu a été conditionné à l’aide donnée (”soit gentille, fais ça pour grand-mère”). Tu as peut-être aussi évolué dans une famille dysfonctionnelle où l’appartenance à la famille, l’amour, la reconnaissante, ta valeur,… dépendait de ta capacité à te plier en quatre pour la famille.

Poser ses limites c’est reprendre sa responsabilité mais aussi drastiquement rendre leur responsabilité aux autres. Et c’est là où tu vas avoir besoin de discernement. Car il ne s’agit pas de devenir une personne imbuvable, qui envoie balader tout le monde, qui n’est jamais présente ou n’aide pas. Il y a une différence par exemple entre une amie qui te demande de chambouler tes plans pour amener sa fille à l’école parce qu’elle s’est encore mal organisée ou parce qu’une urgence a surgi.

Alors, comment poser ses limites ?

Poser tes limites est d’abord un contrat avec toi-même. C’est d’abord une reconnaissance de tes besoins. Puis une reconnaissance que tu es suffisamment importante pour mériter que tes besoins soient respectés. Et enfin, c’est reconnaitre et assumer que tu es la seule responsable de ta vie.

Donc concrètement, il va falloir définir tes règles avec toi-même, mais ensuite en faire part à ton entourage. Et là je vois souvent une erreur quand les limites sont franchies : croire que les autres ne respectent pas tes limites. C’est à toi de les respecter en premier, et de les faire respecter. Car tes proches vont tester tes limites. Surtout s’ils ne sont pas habitués à ce que tu en poses.

Admettons que tu veuilles mieux prendre soin de ta santé, et que tu décides de prendre une demi-heure chaque matin pour aller marcher. Tu vas en informer tes proches. Mais ça va être à toi de montrer que tu respectes tes limites, et que c’est non-négociable. Ca veut dire que tu va aller marcher, même si ton partenaire te demande de l’aide pour remplir un formulaire : ce n’est pas le moment. Tu ne vas pas laisser ton voisin te “tenir la jambe” à discuter pendant 20 minutes. C’est aussi par exemple ne pas t’occuper de mettre une machine en route ou de laver la vaisselle. Ca passe également par ne pas accepter qu’un ami vienne prendre le café à cette heure-là “parce que tu es libre” (tu ne l’es pas!).

Poser ses limites est un défi pour beaucoup de personnes. Par peur de paraître égoïste, de ne plus se sentir appartenir à un groupe, ou de ne plus être appréciées. Mais un manque de limites saines n’ai pas un “je t’aime” à l’autre (le toxique mais classique “je t’aime alors je ferais tout pour toi”), c’est un aveu de manque d’amour pour soi.