L’intelligence émotionnelle : une compétence essentielle

Pour moi, c’est un des essentiels qu’on devrait enseigner dès l’école maternelle. L’intelligence émotionnelle est sous-estimée, et bien souvent ignorée. On valorise les capacités cognitives, la productivité et la compétition, et pour cela on nous a appris à ignorer nos émotions, à les mettre de côté, à les traiter comme quelque chose d’embarrassant et d’inutile. Mais tes émotions sont la clé d’une vie équilibrée.

Les émotions ne sont pas ton ennemi

Malgré ce qu’on a pu te transmettre, les émotions sont utiles. Elles t’apportent une information : elles t’indiquent si tes besoins sont satisfaits ou non. Par ailleurs, il n’y a pas d’émotions positives ou négatives, même si ce sont des termes souvent employés. Je les trouvent inadaptés car ils renforcent l’idée qu’il y aurait des émotions à cacher, à éviter. Mais il y a seulement des émotions agréables ou désagréables. Et c’est très subjectif. Pour exemple, prenons la surprise. Ce n’est pas une émotion négative ou positive en soi, mais suivant le contexte, elle peut être agréable ou désagréable. Par ailleurs, la peur, qui serait plutôt perçue comme désagréable, n’a rien de négatif puisque son rôle initial est de te protéger. Les émotions agréables indiquent un besoin satisfait, les désagréables un besoin à combler.

Là où les émotions deviennent “négatives”, c’est quand elles ne remplissent plus leur rôle premier, mais le dépassent et prennent le contrôle de ta vie. Ressentir de la peur lorsque tu vois un serpent rempli sa fonction de protection, car ce serpent peut être venimeux. Mais si la peur d’éventuellement croiser un serpent est tellement forte qu’elle t’empêche d’aller dans la nature, elle a dépasser sa fonction première et a pris le contrôle. C’est là que l’intelligence émotionnelle entre en jeu.

C’est quoi l’intelligence émotionnelle ?

L’intelligence émotionnelle est une capacité qui touche à notre manière de vivre avec les émotions. Elle comprend la capacité à ressentir, exprimer et réguler nos propres émotions, comme celle d’identifier et d’interagir avec celles des autres. Cette intelligence permet une meilleure relation avec soi et avec les autres.

Comme une émotion vient indiquer l’état d’un besoin, être capable de reconnaître tes propres émotions te permet de comprendre tes besoins, et par extension de pouvoir y répondre si nécessaire. Enfouir, ignorer, ravaler une émotion ne fait pas disparaître le besoin qu’elle vient souligner. Il va seulement se manifester autrement, par exemple à travers le corps (par exemple une inquiétude constante peut mener à un ulcère de l’estomac).

Comment développer ton intelligence émotionnelle ?

La première chose est de reprendre ta responsabilité. Tes émotions t’appartiennent et elle viennent de toi. On a souvent l’impression qu’elles sont causées par l’extérieur : “ça m’énerve” ; “tu me fais honte”, “elle me rend heureuse”… Tes émotions naissent de tes pensées, et pas des faits en eux-mêmes. Ce n’est donc pas “ça”, “il”, “elle” qui te crée une émotion. Comme on l’a vu avec la surprise, les faits sont neutres. C’est ton interprétation qui donne une signification. Ta pensée à propos d’une situation, d’un fait neutre crée ta réponse émotionnelle. “Tu m’énerves à laisser la lunette des WC relevée” = “quand je vois la lunette relevée, j’ai l’impression (je pense – ce n’est pas un fait) que tu ne fais pas attention à moi » = mon besoin d’être entendue n’est pas satisfait = je ressens de la colère.

Une fois intégré cela, tu as donc récupéré ton pouvoir. Tu peux apprendre accepter tes émotions, à les ressentir pleinement, au lieu de chercher à les camoufler, à les supprimer. Regarder dans ton corps où et comment elles se manifestent par exemple. Une émotion accueillie perd de sa puissance et ne vient pas s’enkyster. Tu peux ensuite te demander “quel besoin vient me souligner cette émotion ?” + “que puis-je faire pour le satisfaire?”. Tu peux apprendre à réguler tes émotions, c’est-à-dire savoir quoi faire quand une émotion désagréable ou forte surgit pour ne pas la laisser prendre le dessus. Tu peux travailler sur tes pensées, pour changer tes émotions. Et le corollaire de cela, c’est de ne pas t’attribuer les émotions des autres. Si tu es responsable des tiennes, les autres sont responsables des leurs.

Ensuite, tu peux développer ta capacité à communiquer tes émotions et tes besoins. Tu peux par exemple demander de l’aide, du temps seule, un câlin, du calme, etc… Tu peux aussi exprimer ton ressenti depuis ton point de vue, sans plus le rejeter sur l’autre : “je sens que je suis en train de m’énerver, j’ai besoin d’un temps pour me calmer” ; “Je me sens tellement triste que j’ai juste envie de pleurer, pas d’en parler” ; “Je ressens tellement de joie et de gratitude de vivre avec toi, car j’ai l’impression qu’on forme une super équipe”

Peu importe l’éducation et les exemples que tu as eu en ce qui concerne les émotions. Tu as toujours à temps de reprendre le contrôle et de développer ton intelligence émotionnelle.