Prendre soin de soi pour les autres

Une croyance enracinée qui freine beaucoup de personnes à l’heure de prendre soin d’elle, c’est que « c’est égoïste ». Je t’apporte ici une perspective nouvelle basée sur nos mécanismes de fonctionnements internes pour t’expliquer comment prendre soin de toi est la meilleure façon de prendre soin des autres. Je n’oublie pas qu’il existe divers processus qui sous-tendent la tendance de nombre d’entre nous à faire passer les autres en premier, à être une « people pleaser », à ne pas mettre de limites, etc… Mais le but ici est de t’amener à comprendre ce qui se passe quand tu prends soin de toi – au-delà d’être un exemple pour les autres.

Mieux comprendre l’empathie

L’empathie, c’est notre capacité à percevoir, à reconnaitre les états internes de l’autre. C’est quelque chose qui se fait automatiquement (chez les personnes qui n’ont pas de troubles de l’empathie), et qui permet d’adapter éventuellement son comportement. C’est vital pour fonctionner en société, pour prendre soin des bébés et pour se protéger en évaluant un potentiel danger (colère, rage, changement d’humeur brusque, peur, etc…).

Il y a une mécompréhension de l’empathie à mon sens, quand on dit qu’il s’agit de « se mettre à la place de l’autre ». Dans l’empathie, tu comprends les états internes de l’autre sans les vivre. Si tu as déjà été triste, tu peux comprendre et imaginer ce que sens la personne, et éventuellement te syntoniser et éprouver de la tristesse par le biais de la compassion.  Mais tu ne peux absolument pas sentir ce que sent la personne. Chacune a DES manières propres de ressentir en fonction de qui elle est, de son passé, de sa sensibilité, etc. Imagine que ton meilleur ami vient de perdre sa mère. Tu sentiras de la tristesse, mais tu ne sentiras pas la même tristesse, ni la même intensité que lui.

Donc pour résumer, l’empathie c’est ta capacité à percevoir l’état interne de l’autre, sans pour autant le vive. Ca, ça a à voir avec la compassion.

Le rôle de la compassion

J’écoutais ce week-end Kristin Neff présenter son modèle de Fierce Self-Compassion (auto-compassion féroce). J’ai beaucoup aimé la manière très simple dont elle a expliqué la différence entre ces deux concepts – souvent utilisés comme synonymes, à mauvais escient. Si l’empathie c’est ce qui nous permet de percevoir la douleur d’autrui, la compassion c’est le fait de s’en soucier.

En effet, le préfixe signifie « avec » nous indique qu’il s’agit de « souffrir avec » l’autre. La compassion nous permet d’accompagner l’autre dans sa souffrance, sans jugement de valeur, connectés à travers notre humanité.

Prendre soin de soi comme manière de prendre soin des autres

A travers l’empathie donc, tes proches sont capables de percevoir ce qu’il se passe en toi. Et tu t’en seras sans doute rendue compte, quand tu passes du temps avec des personnes en colère, tristes, joyeuses, stressées, ça a un impact sur toi. Alors, comment penses-tu que tes proches sont impactés si tu es sur les nerfs, si tu es insatisfaite de ta vie, stressée,… ?

Par ailleurs, la compassion n’est pas quelque chose de limité. Tout comme l’amour. Tu n’as donc pas besoin de choisir entre avoir de la compassion envers toi ou tes proches. Au contraire. Plus tu as de compassion pour toi, plus tu seras capable d’en avoir pour les autres. Être en lien avec tes propres émotions, sans les juger, te permet de mieux accueillir celles des autres.

Une autre forme d’interconnexion : la co-régulation nerveuse

Par ailleurs, nous possédons un autre mécanisme, là aussi inconscient et automatique : la co-régulation du système nerveux. Ce processus est vital pour les bébés, dont le système nerveux est immature et incapable de se réguler seul. Ils vont donc se co-réguler grâce au système nerveux du parent. Une fois adulte, nous faisons encore appel à ce processus quand nous vivons des expériences qui dépassent notre capacité à nous réguler seuls.

Pour que la co-régulation fonctionne, il faut que la personne qui a besoin de la régulation puisse compter sur quelqu’un dont le système nerveux soit régulé. Si tu es en colère, ce n’est pas auprès d’une personne en colère que tu vas pouvoir t’apaiser.

C’est donc en prenant soin de toi, par exemple en apprenant à réguler tes propres émotions, en te reposant, en répondant à tes propres besoins que tu seras le mieux à même d’aider tes proches.

On a la fausse idée qu’aider les autres c’est faire quelque chose POUR eux. Mais le meilleur que nous ayons à offrir à nos proches c’est ce que nous transmettons grâce à notre présence. S’il y a quelque chose à faire, c’est d’abord « sur soi », pour soi,  pour être en mesure d’offrir une belle qualité de présence à nos proches.