EXPÉRIENCES

L’Échec Existe-t-il ?

Morgane, Kame Kairu

16 Octobre 2018

Il y a cette idée, dans notre société, que les choses sont soit réussies, soit ratées. Et bien évidemment, l’objectif que l’on doit tous atteindre, c’est la réussite ! Mais pour ma part, je trouve que cette dichotomie ne correspond pas à la réalité, et surtout qu’elle nous enferme.

Échouer mieux

Il y a une citation de Samuel Beckett que j’aime beaucoup : « Try again. Fail again. Fail better. » (approximativement : Essaye encore. Echoue encore. Echoue mieux.). Échouer mieux. Cela paraît être un oxymore si l’échec est vu comme quelque chose de négatif. Que penses-tu de quelqu’un qui essaie la même chose deux, cinq, dix fois et qui continue d’échouer. Tu te dis peut-être qu’au bout de dix fois, il devrait se résigner. Mais si tu avais eu ce raisonnement lorsque tu apprenais à tenir debout, tu ne serais aujourd’hui pas capable de marcher. Dans cet exemple, échouer mieux peut être apprendre à mettre les mains en tombant. L’objectif final (marcher) n’est pas atteint, mais un progrès est tout de même fait. Et c’est bien à force de rater que l’on arrive à tenir debout. On comprend, chute après chute, comment se tenir, ce qu’il faut éviter, etc…

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L’échec est nécessaire

Ne pas tout réussir du premier coup est inévitable, mais c’est aussi une aubaine. En ratant son objectif, on peut apprendre des choses sur soi, qui seront utiles pour la suite. Cela permet de mieux se connaître, d’appréhender ses limites mais aussi ses ressources. Lors de la prochaine épreuve, on peut ainsi repenser au défi précédent, où l‘on pensait ne pas y arriver, et voir que finalement on a réussi. Cela nous donne de la motivation, nous encourage à sortir de notre zone de confort en constatant que par expérience, ça a été payant de le faire par le passé.

Retenter après un échec, c’est s’entêter ?

Il faut effectivement savoir quand s’arrêter. Il est bon de ne pas se décourager après chaque échec, de parfois retenter pour échouer mieux, voire pour réussir. Mais l’obstination tête baissée n’a rien de positif. Il faut être conscient de ses limites, et parfois essayer la même chose encore et encore ne portera pas plus de résultats.

Pour savoir s’il faut arrêter ou continuer, il te « suffit » de repérer où se trouve ton Ego. Il se peut qu’il te pousse à arrêter pour retourner dans sa zone de confort. Lorsque tu sens que tu as envie d’arrêter, fais le point. Si ce sont des peurs sous-jacentes qui te poussent à arrêter, continue, car elles ne sont que l’expression de ton Ego. Si à l’inverse tu veux continuer coûte que coûte, c’est peut-être ton Ego qui a peur de l’échec justement. Il te pousse alors à continuer pour ne pas avoir à faire face à l’échec (tant que l’on tente, il reste la possibilité de réussir). Là encore, essaie de voir les peurs sous-jacentes. Dans un cas comme dans l’autre, si tes pas sont motivés par la peur, tu es sur le mauvais chemin.

 

Pour conclure, je dirais que la notion d’échec est très relative. Pour moi, l’échec n’a pas une connotation négative, et n’est pas en opposition avec la réussite. Comme on vient de le voir, il faut réussir à échouer. Le seul échec que je pourrais considérer comme tel, serait de ne rien tirer de l’expérience vécue. Finalement, on accorde beaucoup (trop) d’importance au résultat (« réussite » ou « échec »), mais le cheminement a, à mon sens, bien plus de valeur.

Chaque pas que tu fais, même si tu tombes, même si tu te trompes de direction, te rapproche plus de ta destination qu’un parfait immobilisme.

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