L’amour, tu vois ce que c’est. Il y a des personnes que tu apprécies, avec qui tu aimes passer du temps, avec qui tu rigoles. La majorité te laisse indifférent.e. Il y a aussi celles que tu n’aimes vraiment pas. Et puis il y a celles que tu aimes. Elles ont une place primordiale dans ta vie, dans ton cœur, elles te rendent joyeu-x/-se, triste, inquiet.e. Mais l’amour de soi… T’es-tu déjà demandé, toi, dans quelle catégorie de personnes tu te plaçais inconsciemment par rapport à toi-même ?

 

Enfant, j’avais une très mauvaise estime de moi. J’étais timide, j’étais moquée par mes camarades, exclue parfois. Les parents, inconsciemment, transmettent certains de leur mal-être à leurs enfants Mes parents n’y échappent pas. Avec une mauvaise estime d’eux-mêmes, ils nous ont élevés en nous transmettant une certaine vision. Ainsi, enfant, on ne m’a pas appris que je pouvais être jolie, que je pouvais être drôle, que je pouvais être fière de ce que j’accomplissais. On m’a appris que je pouvais déranger, que je devais me faire minuscule, que je ne devais pas me plaindre, que j’étais moins importante que d’autres, que je devais taire ma réussite pour ne pas faire d’ombre à autrui.

C’est en partant à la fac, une fois l’adolescence passée (période d’autant plus difficile quand l’estime de soi est initialement au ras des pâquerettes) que ma perception de moi a pu s’améliorer. J’ai côtoyé des gens de divers horizons, ce qui aide à trouver sa propre identité. La différence autorise l’individualité. Et puis les relations amoureuses ont aussi façonné ma vie de  jeune femme qui découvre qu’elle est « assez ».

Et depuis, petit à petit, mon estime de soi s’est améliorée. A travers le regard des autres, ou en regardant dans le rétro tout ce que j’ai accompli, j’ai réussi à atteindre un niveau satisfaisant d’évaluation de moi-même. Mais… il s’agit ici uniquement d’estime de soi.

Je me suis rendue compte, il y a peu de temps, que tout ce que je viens de décrire, ce n’est pas l’amour de soi. Cela m’a frappé en lisant un livre. Je me suis rendue compte que je ne me traitais pas comme les personnes que j’aime. C’est mathématique : je ne me traite pas comme une personne que j’aime, donc je ne fais pas partie des personnes que j’aime. Mince ! J’ai beau avoir amélioré mon estime de soi, en fait, je ne m’aime toujours pas suffisamment.

Si tu as encore du mal à différencier estime de soi et amour de soi, prends quelqu’un d’autre comme exemple. Imagine une personne célèbre que tu admires, qui peut être un modèle pour toi. Tu as de l’estime pour cette personne, mais tu ne l’aimes pas pour autant.

Beaucoup de personnes (et j’en ai fait partie !), pensent que lorsqu’on ne se déteste pas, qu’on n’a pas d’idées suicidaires, qu’on ne se maltraite pas, en somme qu’on a une vision de soi moyenne voire bonne, on s’aime. Mais entre détester et aimer, il y a un monde ! Et la majorité d’entre nous se trouve dans cet entre deux. Avec une estime de soi suffisamment développée pour ne pas se détester, mais avec un manque de considération pour soi bien présent. On ne nous apprend pas à l’école, à s’aimer, à s’écouter, à se connaitre. Dès tout petit, on nous apprend à partager, à aider les autres, les écouter, les respecter, à faire attention aux plus fragiles. C’est indispensable, certes. Mais comment peut-on réellement faire une place à l’autre, si l’on ne s’accorde pas soi-même sa propre place ?

Je crois que c’est la chose la plus difficile, et qui nous fait défaut à tous. Nous tentons irrémédiablement de chercher à l’extérieur de nous-mêmes ce qui nous manque en dedans. Quête de reconnaissance, d’affection, de sécurité, de contrôle, d’approbation, ce que nous cherchons en fait c’est l’amour que nous ne nous accordons pas. Il est vrai qu’il peut paraitre plus facile d’aller vers une relation amoureuse, une amitié forte, d’avoir des enfants pour combler ce besoin d’amour, que de s’aimer vraiment soi-même. Mais c’est une illusion, le vide n’est pas comblé.

Si tu regardes dans ton quotidien, tu remarqueras sans doute des choses que tu fais / ne fais pas pour toi, mais que tu ne te permettrais jamais envers quelqu’un que tu aimes. Admettons par exemple que tu sautes régulièrement des repas parce que tu es pressé.e. Priverais-tu de nourriture de la sorte quelqu’un que tu aimes ? Ou encore, imaginons que tu aimes faire plaisir, et que tu t’adaptes toujours aux activités que les autres ont envie de faire. Est-ce que tu imposerais à une personne que tu aimes de suivre les autres sans lui demander son avis ?

 

 

Alors, comment faire pour s’aimer soi-même ? En toute transparence, je n’ai de réponse toute faite! Je suis moi-même en cours de cheminement… et ce pour le reste de ma vie me semble-t-il. Se rendre compte, et accepter qu’on ne s’aime pas suffisamment, c’est le préalable. C’est déjà une grande (énorme !) avancée. Ensuite, je te propose dans mon article suivant, 4 exercices pratiques pour faire preuve d’amour envers toi-même au quotidien. Le chemin, quant à lui, t’appartient.